samedi 19 février 2011

Broken Strings.

Je n'ai pas ressenti cela depuis un très long moment. Il est vrai que perdre quelqu'un que l'on aime, peu importe qui, n'est pas une chose facile et j'avoue détester parler de moi, de tout cela parce qu'il s'agit ici de faiblesse à mes yeux.
Je crois que j'ai besoin de faire le point sur tout ce qui s'est passé, de me poser pour y réfléchir. J'ai la désagréable impression de ne faire que cela, réfléchir.
J'ai rencontré un gars en septembre, un certain David, un petit mètre soixante-dix, bruns, de petits yeux, un latino, tout en charme, en soleil, en bavardages et en illusion.
Je suis tombée amoureuse de ce gars-là. Oui, et ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas ressenti cela. Depuis la terminale pour dire la vérité, cela n'était pas arrivé depuis Antoine oui. Alors bien sur, j'ai eu des coups de coeur : un pour Jean-Guilhem, un autre pour Jules et pour Antonin, mais rien de comparable.
C'était ce genre de sensations qui vous transportent. Mais, les choses n'étaient pas comme au lycée parce qu'on tombait si vite amoureux à ce moment-là. En une semaine, c'était affaire faite. J'ai mis un mois entier à comprendre, à ressentir et à avoir envie de le lui dire vraiment. J'avais alors même, il faut le dire, besoin de le lui dire.
Tout ceci a duré trois courts mois. Et autant dire tout de suite, que cela ne ressemble en rien à l'histoire rose et naïve que l'on peut se représenter, non... J'ai passé trois mois à me battre pour gagner son attention , son affection et son amour alors que je n'avais que son amitié et son respect. Et c'est toujours le cas aujourd'hui.
Pas une seule minute, il n'a ressenti d'amour pour moi mais il a continué à entretenir une relation avec moi, une relation que j'ai accepté selon ses termes, ses conditions sans rechigner vraiment. Cette relation était vouée à l'échec et j'aurais du le savoir dès le départ, puisque les choses se sont arretées une fois, deux fois pour finalement prendre fin une ultime fois. Il n'a pas été le copain idéal, il a beau être drôle, charmeur, intelligent et embrasser incroyablement bien, il n'en restait pas moins distant, indifférent et irrespectueux dans sa manière de faire.
Et je me suis battue, pendant ce temps là, j'ai essayé de le lui faire comprendre par tous les moyens, j'ai tenté d'arranger les choses par tous les moyens. Je m'émerveillais d'une chose qui était de l'ordre du banal dans une relation, je reprenais confiance en tout cela au moindre effort qu'il faisait, des efforts qui en vérité n'en étaient pas vraiment. Et puis au fil du temps, j'ai fini par comprendre ce que tout le monde me disait depuis le début, que tout ceci n'en valait pas la peine, que je me fatiguais et me blessais pour quelque chose qui n'en valait pas la peine. J'avais déja connu des amours à sens unique mais des relations à sens unique, c'était une grande première pour moi.
Le problème avec ce genre de relation, c'est que plus l'autre fuit, plus on s'accroche à lui pour tenter de le retenir. Et quand, assis sur un banc devant une église, je lui ai dit que je préférais que l'on arrete les frais et que l'on devienne amis, je le pensais vraiment. Et je me suis sentie soulagée d'avoir pris cette décision que je ne regrette toujours pas aujourd'hui. Mais, j'ai vécu trois mois de relation douloureuse et peu gratifiante pour lui, avec lui. J'ai donné tout ce que je pouvais donner et pris un risque énorme en me lançant dans cette aventure, que je sentais désastreuse dès le départ. J'ai surmonté mes peurs pour tout ceci, ceci quoi ? ce rien, cette illusion de relation avec quelqu'un qui était avec moi parce qu'il pensait que je ne voulais pas être son amie et que c'était ça ou rien...
Bref, tout arreter, c'était la meilleure des décisions à prendre.
J'avoue que le jour d'après, j'ai déja commencé à le regretter, parce que je l'aimais tellement. Je me suis alors dit que peut-être il reviendrait, mais je savais que s'il le voulait vraiment, il allait devoir ramper comme jamais il ne l'avait fait et surtout comme jamais il ne l'aurait fait.
Donc, pas de retour vers une relation possible. Malheureusement pour moi, je n'ai pas tiré un trait sur lui.
Il me manquait tellement, je ressentais une douleur physique tellement c'était douloureux dans le coeur.
Et pendant un mois, j'ai tenté de faire abstraction de tout cela. J'étais en même temps occupée à tenter de guérir définitivement des troubles de comportement alimentaire. Oublier, je crois que c'est bien la pire chose au monde qu'il existe.
On passe nos journées à oublier des choses, des détails insignifiants, comme des choses énormes qu'il fallait absolument que l'on garde en tête, et tout ça, sans le vouloir. Par contre, quand il s'agit d'oublier quelque chose qui nous écorche et qui nous fait du mal... Autant demander la mousson au milieu du Sahara.

Et puis, voilà qu'elle pointe le bout de son nez, la délicate et attendue Saint-Valentin, celle qui ravit les amoureux et désespèrent les autres, ceux qui sont seuls ou qui s'en fichent. Et, lui, a pointé le bout de son nez aussi, pour parler d'amour avec des mots choisis avec grand soin pour l'occasion. Des mots d'amour qui symbolisent des sentiments, sentiments qu'il n'a pas pris la peine d'avoir à mon égard, qu'il n'a pas pu avoir à mon égard parce qu'on ne choisit pas ( je ne l'en blame pas du tout ) mais il en parle comme s'il savait. Avec charisme et humour. Pour faire la cour à une autre.
Cette autre, dont j'ai découvert l'existence à la fin de cette même semaine, c'est-à-dire hier, sans vraiment avoir envie. Elle n'est pas la bienvenue dans ma vie, dans mon processus de guérison et pourtant, elle est venue me frapper au visage avec ses petites mains de blonde. Je n'ai pas besoin d'avoir des doutes sur tout cela, pas besoin de voir ses yeux clairs le regarder comme cela, comme je le regarde moi.
Et, il n'a pas le droit de ne pas me le dire, de ne pas me prévenir, de me laisser le découvrir à mes dépends.
J'étais dévastée hier. J'ai marché sans but dans Strasbourg pendant deux heures et il n'y avait qu'elle dans ma tête, elle et lui, lui et elle. Et j'ai rêvé d'elle la nuit dernière. J'étais en colère contre ce gars.
Finalement, je me suis calmée et puis je me suis dit qu'au mieux, je ne pouvais que le souhaiter d'être heureux à lui et à elle, d'avoir plus de chance que moi. Après tout, n'est-ce-pas ce que doivent penser et dire les amis ?
Alors, je l'ai dit. Je ne l'ai pas tout à fait penser mais l'intention était là.
Mais voilà, il s'est passé tout cela. Une espèce de salade de fruit de sentiments à l'interieur de ma tête, de mon corps, une bouillie de légumes de ma vie et de mon équilibre.


Durant cette semaine, je me suis disputée avec une amie chère, qui saura que je parle d'elle. Et, cela partait d'un très bon sentiment. Je sais que je ne suis pas la fille la plus raisonnable, la plus diplomate qui soit. Mais, je suis quelqu'un de fidèle et de sincère en amitié. je suis très heureuse que cette amie ait quelqu'un qui l'aime dans sa vie, si cela lui permet de s'épanouir et de combler un trou affectif  causé par sa relation précédente, cela me convient tout à fait. Mais, au regard de tout ce qui s'est passé dans ma vie à moi, cette semaine, et par respect pour moi, qui suis son amie et qui suis une personne avec des yeux et des oreilles.. Ce n'était pas tant demandé qu'un peu de discrétion, qu'un peu de tenue en présence de ma personne et de toutes les autres qui devaient se joindre à ce repas. Je n'avais rien contre le fait qu'il vienne, il finira par faire parti du groupe s'il a envie de s'y intégrer.
Je ne voulais vraiment pas que cela fasse tant d'histoires. Et, je n'avais pas envie de parler de tout cela, j'avais juste envie d'oublier. Honnetement, mieux valait un message un peu trop franc qu'un commentaire de ma part durant le repas, que je n'aurais pas manqué de faire et qui aurait été bien plus embarassant et blessant..
Je ne suis pas parfaite ou sans failles. J'essaie de faire de mon mieux pour faire les choses bien mais parfois, ce n'est pas le cas. Je n'y peux rien.


J'en arrive maintenant à la partie la plus personnelle et la plus gênante pour moi.
Ce méli-mélo a déclenché une crise de confiance à l'interieur de ma tête. Le genre qu'on aimerait pas vivre à ma place. Je ne suis pas comme A., je ne parle pas de ma pathologie. Je suis finalement bien plus secrète que je ne le croyais par rapport à cela. Je ne suis pas au même niveau qu'elle non plus, et notre pathologie,  bien que de la même famille ne se manifeste pas de la même maniere.
Cela fait trois ans que je me bats, trois ans que j'évolue, que je tente encore et encore. Je me monte et que je redescends, que je remonte pour m'écraser plus violement encore.
Et depuis le 7 Janvier, j'ai décidé qu'il en était vraiment assez. J'ai completement arreté de provoquer mes vomissements, et j'essaie d'avoir le maximum de contrôle sur mes crises qui deviennent de plus en plus rares mais qui restent une part d'une maladie, d'une vraie pathologie, pas d'un fantasme ou d'une crise d'adolescente du : je suis troooop groosse !
Le problème, c'est que bien trop souvent les gens voient cela de cette manière, comprennent cela comme cela, ou ne le conçoivent pas du tout.
Les fois, où j'ai tenté ces dernières années, de parler de mes TCA ( troubles du comportement alimentaire ) avec des amis.. Ils n'ont pas compris et j'ai récolté des réponses comme:
<< Mais tu n'es pas grosse >>
<< Si tu te trouves trop grosse, mange un peu moins et équilibré et ça ira tout seul >>
<< Tu dois arreter ce n'est pas bien >>
ou
<< Oui, je te comprends, moi aussi je me sens trop grosse, regarde lààà, ça pend >>

Et, je ne peux blamer personne d'avoir réagi comme cela, parce que comme réagir face à une maladie qu'on ne voit pas ( comme l'anorexie qui finit par être visible ) et qui peut s'apparenter aux élucubrations des adolescentes.
Bref, tout cela pour dire que cela fait plus d'un mois que je suis sur la bonne voie mais que toutes ces histoires m'ont fragilisée dans mon rapport à moi-même, dans le regard que je porte sur moi, dans mon équilibre alimentaire. Je fais plus de 10 heures de sport par semaine, de la danse. Et je côtoie des femmes qui sont belles, fines, musclées et talentueuses et cela ne me posait aucun problème avant. Depuis deux semaines, c'est le calvaire. J'ai envie de vomir tellement, je ne suis pas comme elle. Et je serais prète à donner n'importe quoi pour ressembler à ses filles-là, pas parce que je me trouve trop grosse, ou laide ou molle ou quoi que se soit. Je me trouve plutot pas mal, la plupart du temps. Mais parce que j'ai la certitude que c'est ce qu'il faut que je devienne pour être aimée, pour être appréciée. Parce qu'au lycée, j'étais plus comme cela, que le 38 m'allait comme un gant, que j'avais des prétendants et ce genre de choses.
Maintenant, ce n'est plus le cas. Je n'ai même pas été capable de gagner l'amour d'un homme comme D.
J'ai comme le sentiment que je dois être comme ces filles pour être une bonne danseuse, que je dois être comme ces filles pour pouvoir me déplacer sans bruit et aussi disparaitre, ou alors pour briller.
Je vais dire une chose qui va horrifier mes amies mais quand j'ai vu A. samedi dernier, j'ai fait la fille choquée par ses jambes et ses bras si maigres qu'on se demande comment elle peut tenir debout mais en vérité, je l'ai trouvé belle et j'ai voulu être comme elle. J'aurais toujours voulu être une anorexique plutot qu'une boulimique, mais je suis de celles qui compensent par la nourriture quand ça ne va pas et non le contraire. De fait, la relation entre Ana et moi aurait été plutôt conflictuelle.
Et, je n'ai rien de spécial qui puisse me démarquer des autres filles, je ne suis pas si grande que cela, je n'ai pas de jolis seins ou de beaux cheveux. Je sais faire un certain nombre de choses mais c'est toujours de manière générale. Quand je fais rire les autres, c'est de moi et quand ils me trouvent intelligentes c'est parce que je sais des choses que parfois ils ne savent pas. Je fais des études de langues parce que j'aime les langues pas parce que j'ai des facilités, je chante parce que j'aime cela, pas parce que j'ai une jolie voix, je pianote parce que j'aime cela, pas parce que je suis une virtuose. Et il en est de même pour tout ce que je fais.
Je fais les choses avec passion parce que je les aime et non parce que je suis spécialement bonne dans l'un des domaines. Et il faut croire que cela ne suffit pas au reste du monde.
J'ai déja envie d'arreter de parler de cette façon parce que j'ai le sentiment de me morfondre et que je n'aime pas du tout cela. Et c'est aussi pour cela que je ne suis pas du genre à me confier tant que cela... parce que j'ai l'impression de me morfondre et de parler pour rien parce que rien n'évoluera et que de toutes façons, les reactions des autres sont toujours décevantes.


Je crois que j'ai fait un peu le tour,  et que pour une fois, j'ai fait quelque chose d'assez organisé et clair. Je ne suis pas tout à fait satisfaite parce que certaines choses ne sont pas dites ou retranscrites comme elles devraient l'être. Mais mettre des mots sur des sensations, des émotions, n'est pas une chose facile. J'ai toujours eu l'impression que cela dénature, vulgarise, banalise toutes ces choses abstraites.

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